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LE BARDA – rock / country / western –

Dimanche 15 juin. C’est dans le calme d’un petit jardin à l’arrière d’une maison de village à Noueilles, que cette petite bourgade du Lauragais a droit à une échappée belle au goût de poussière rouge et de routes sans fin. Invité par l’association Lauragais Friendly, Olivier Barda alias Le Barda, fine fleur de l’écurie Toulouse Folk Society est venu pour déployer son attirail de cowboy moderne devant une quarantaine de spectateurs venus s’immerger dans son univers à la fois bluesy, folk, western et franchement « badass », comme il le dit lui-même…


Le Barda
Le Barda par Vincent (qui n'avait pas prévu de faire un article donc... photo téléphone!)

Un concert en plein air, en toute intimité, comme une veillée musicale improvisée dans un écrin de verdure malgré le temps pas franchement à la fête. Mais qu’importe ! L’atmosphère, à mi-chemin entre le jardin partagé et le saloon austral, définit le cadre parfait pour entrer dans l’univers de ce musicien autodidacte, électron libre de la scène d’Occitanie, qui se définit tour à tour comme « troubadour », « chansonnier » ou « cowboy folk ». Tout un programme !


Car Le Barda ne se contente pas d’enfiler des bottes sonores déjà portées. Il les découpe, les cloue, les remonte à sa manière et les fait claquer contre le sol avec un certain panache. Chapeau de cowboy de l’Outback vissé sur la tête, jean élimé, surchemise, harmonicas glissés dans une ceinture façon barillet, l’homme arrive avec un look qui ne laisse aucune ambiguïté sur son folklore. Et la musique suit : une guitare sèche jouée à plat à la manière de Ben Harper ou Will Barber, qu’il gratte avec les doigts tout en frappant le corps comme une grosse caisse, un tambourin au pied… et surtout, une présence qui happe.


En effet, dès les premiers accords — une reprise subtilement remodelée de Xavier Rudd — le ton est donné. La voix est chaude, posée, le jeu maîtrisé. La magie du one man band opère rapidement. Sans artifice mais avec une énergie sincère, Le Barda alterne compositions personnelles et reprises retravaillées, comme cette version de « Follow The Sun » à sa sauce folk. Entre les morceaux, il parle, partage, raconte la genèse de ses chansons, en glissant quelques anecdotes sur ses voyages, notamment en Australie, fil rouge sonore et spirituel de ce début de set.



Ce premier acte explore plusieurs pistes, entre instrumentaux d'inspiration celtique (« Folks (Celtic Jig) »), ballades folks comme « Feel Better Today » tiré de son album Ode Au Vent et une incursion surprise vers la pop avec une reprise audacieusement transformée de « Wake Me Up » d’Avicii. À ce moment-là, Le Barda ratisse volontairement large mais il garde une ligne claire : celle d’un artisan de l’émotion, qui cherche plus à raconter qu’à briller.


Mais c’est dans la seconde partie du set que le concert bascule franchement dans son territoire de prédilection : celui d’un western rock rugueux et « bad ass ». À coups d’harmonica tranchant et de voix modulée – tantôt claire, tantôt rauque et saturée par des effets – il enchaîne des titres issus de ses albums Punch & Badass vol. 1 & 2 avec notamment « Hell Rail Road », « Jack Fire », « Stranger », l’instrumental « Mini Train », à la croisée de Led Zeppelin et d’une cavalcade à travers les Rocheuses, le très country « Pile Of Shit » avec ses relents twang ou encore « Teased Up The Wrong Lad » et son jeu d’alternance vocale qui donne une belle profondeur à l’ensemble.


Et quand on pense avoir compris le personnage, Le Barda change encore de décor avec « Rumbadass », un titre chanté en anglais puis en espagnol, entre frontière mexicaine et flamenco. Une idée assez originale au milieu des titres estampillés country rock mais qui, ici, s’insère avec naturel dans l’architecture du concert. Mine de rien, c’est aussi cette capacité à naviguer entre les registres sans se perdre qui donne sa richesse à la performance du one man band.



Et la reprise de « Lonely Boy » des Black Keys, complètement revisitée, vient enfoncer le clou. Le Barda n’imite jamais, il digère et recompose les chansons à sa sauce. Le public, jusque-là attentif, se laisse peu à peu gagner par une joie plus expressive et tapent des mains. L’ambiance se réchauffe sous les barnums !


Ainsi, alors que le set touche à sa fin, des applaudissements nourris appellent un rappel généreux : quatre morceaux en format plus traditionnel où cette fois, Le Barda joue « normalement » avec la guitare en main des reprises de Larkin Poe (« Blood Harmony »), « Tambourine Man » de Bob Dylan – joyeusement perturbé par un trou de mémoire accueilli dans les rires – preuve s’il en faut d’un musicien qui ne triche pas. Puis après un court instrumental (« Children »), l’homme termine sur le très efficace « Twenty Flight Rock » d’Eddie Cochran, pour un final rockabilly qui ne laisse personne de marbre.


Verdict ? Une vraie découverte pour certains et une confirmation pour d’autres : Le Barda a réussi à faire voyager le Lauragais dans des contrées lointaines. Entre sincérité et énergie maîtrisée, le musicien a dévoilé un univers aux multiples facettes accessible, habité et généreux.


En quittant le jardin de cette jolie maison de Noueilles, on repart avec l’impression d’avoir assisté à bien plus qu’un simple concert dominical mais plutôt à une chevauchée entre deux mondes : celui des grands espaces, et celui, plus modeste mais non moins précieux, de ces petits villages où la musique se vit encore à hauteur d’homme.


Chapeau (de cowboy) bas, l’artiste !


par Vincent

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