FERMIN MUGURUZA - Le Bikini (Toulouse)
- Miya MYWAVE
- 31 mars
- 3 min de lecture
Figure de proue des groupes de punk rock Kortatu et Negu Gorriak, et riche d’une amitié très forte avec le groupe Massilia Sound System depuis les années 1990, Fermin Muguruza célèbre une carrière de 40 ans de musique festive et militante avec une tournée internationale en 2025. C’est à ce titre que nous avons pu assister à son concert au Bikini de Toulouse ce vendredi 28 mars 2025.
C’était même plus qu’un simple concert, c’était un véritable show : le chanteur leader était accompagné de 9 musiciens pour un concert qui a duré près de 2h40, avec une trentaine de titres. On pouvait retrouver sur scène Lide Hernando (deux guitares différentes, chant soul dominant), Matah (chant plutôt sound system), Xabi Solano Maiza (trois accordéons diatoniques différents), Victor Navarrete (basse), Gloria Maurel (batterie), Chalart (percussions) ainsi que Jon Elizalde, Aritz Lonbide et Igor Ruiz (cuivres).

De la fosse au balcon, la salle était noire d’un public franco-hispanique (et basque bien sûr ! ) de tous âges, autant des soutiens de la première heure que des enfants et des ados, qui, à ma grande surprise, chantaient avec la même passion que leurs aînés.
La danse était bien évidemment au rendez-vous, tantôt sautée sur des rythmes ska, tantôt “pogotée” sur des rythmes plus punk, et souvent le poing levé; les personnes qui étaient le plus près de la scène doivent encore s’en rappeler, au vu de l’intensité avec laquelle elles étaient poussées contre les barrières !
Revenons sur la scène, où le groupe est marqué d’une identité forte, qui s’exprime au travers de plusieurs éléments : l’utilisation du basque espagnol bien évidemment (en majorité), les musiciens habillés d’un polo noir à l’effigie du groupe, ainsi que des clips vidéos diffusés sur un écran géant au fond de la scène, lorsque ce n’était pas leur logo blanc sur fond noir.
Concernant les clips, c’était un enchaînement/superposition d’images d’archives autant en noir et blanc qu’en couleur (images de peuples opprimés dans l’histoire tels que les africains, les noirs américains, les palestiniens, ou bien propres à l’histoire du Pays Basque), avec des effets style “collage”, de l’animation et des grosses typographies percutantes.

Cette identité marquée est renforcée par un lien évident très fort dans leur lutte contre le fascisme au travers de leur musique. Évident, car je me souviens avoir vu les musiciens chanter avec passion même lorsqu’ils n’avaient pas de micro, le poing levé et à gorge déployée. Je me souviens aussi de ce moment où Fermin Muguruza se sépare du pied de son micro pour plus de liberté sur le morceau “Black is Beltza”, nom éponyme de son film d’animation sortit en 2018, et dont les images ont d’ailleurs été fréquemment utilisées pour les clips diffusés sur l’écran géant.
Les 2h40 de live étaient un mélange parfait entre des morceaux de l’heure de Kortatu comme “Sarri Sarri” (1985 - chanson d’ailleurs interdite par le gouvernement espagnol, car elle conte l’histoire de l’évasion de deux prisonniers politiques) ou bien “A la calle” (1986), mais également de morceaux plus récents (“Nicaragua sandinista”, “Etxerat!”) ainsi que d’interludes jouées à l’accordéon dans la tradition Basque.

Parmi la trentaine de titres joués ce soir-là se sont dégagés deux moments forts en émotions, deux hommages. Celui du frère de Fermin, Iñigo Muguruza, décédé en 2019, et avec lequel il avait fondé Kortatu. “Bizitza zein laburra den”, c’est le titre qui a été interprété pour l’occasion par Lide Hernando. Le deuxième hommage fut destiné à Julien Terzics, activiste antifasciste français décédé le 1er juillet 2024. Il était également le batteur de Brigada Flores Magon, un groupe de punk rock français. Mateo, le chanteur de ce même groupe, a accompagné Fermin sur scène pour son hommage avec le titre très punk “Zu atrapatu arte” (1985).
A noter que deux autres invités ont été conviés pour ce concert dans la ville rose. Mouss et Hakim, anciennement Zebda, ont interprété “Yalah, Yalah, Ramallah!” (2006).
Enfin, le concert s’est terminé sur des accolades et embrassades sur scène entre tous les artistes, des contacts dignes de camarades de lutte et de fête. Cette dernière s’est prolongée après même que les instruments aient été posés, avec une diffusion de leurs morceaux dans les enceintes de la salle …
MAGAZIQUE tient à remercier le Bikini de Toulouse pour leur confiance.
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